Ahhh… Jules le Doc… encore un projet de cinglé, un truc de fou…
« Ah bon ? encore ? mais tu fais jamais des trucs tranquilles, à l’aise Blaise, sans prise de choux ?« , c’est ce que vous vous dites non ?
Et bien si, ça m’arrive.
Mais d’une, c’est bien plus drôle de penser qu’on va jouer sa réputation et sa vie sur un coup.
Et de deux, tout ce qui se passe sans risque et sans accroc ne vaut guère la peine d’être raconté.
Ce projet, donc, à la base, donne à peu près ça niveau cahier des charges :
– un médecin, full 3D
– dans un décor 3D, mais modulable à souhait
– un style plutôt « cartoon », simple, pas Shrek 6 quoi.
– une seule personne à la 3D (moi)
– 25 fois 45″ (en 3 séquences de 15″ à chaque fois, insérées dans des épisodes «lives» de 1’30
– un lipsync au petits oignons
– un délai de moins de trois mois, rendu compris.
Bon… 1125 secondes d’animation, en 90 jours, ça fait du 12″ par jour…
Un peu lourd pour un seul homme, mais le pari semble intéressant.
Je commence donc par faire appel à mon pote Marty (donc le site de pin-up est là, je vous le rappelle), et lui demande de me gribouiller un petit docteur rondouillard, avec les bases que j’avais apportées au producteur.
Bien sûr, Marty me rend un truc parfait (je ne dirais pas que c’est le personnage le plus délirokiffant qu’il m’ait été donné de voir, mais il fait ce qu’on lui demande avec les contraintes qu’on lui impose. Le truc est donc sympa.)
Sur ce, je m’y colle.
Et c’est là que commence la singularité de ce projet…. hé hé hé…
Modélisation, rigg, texture, lisp, décors… je bosse nuit et jour pour sortir au moins une sorte de pilote, de quoi contenter et rassurer le producteur.
Pas de chance… le cher Docteur Jules est trop… comment… trop mou, trop Playmobil, pas top quoi…
Déjà, un Playmobil est tout, sauf mou. Non ?
Au contraire, avec ses jambes solidaires, un Playmobil est franchement rigide.
Qu’à cela ne tienne, on va essayer de corriger le tir.
Seulement voilà, non seulement le Docteur est un « Playmobil mou », mais le décor ne va pas non plus…
Selon le producteur, il faut un décor « cossu, chaud, style meubles anciens et tentures de velours rouge » et…
selon le réalisateur il faut un décor « moderne, fait de blanc, acier et plexiglas, de la pure SF version hôpital »
Vous l’aurez compris : me voilà bien 🙂
A partir de là, sachant qu’il allait falloir tout reprendre depuis le début, une seule solution : passer à la vitesse supérieure.
M’entourer d’une équipe.
Facile à dire…
Il ne faut pas oublier que je suis en Corse, et que des animateurs 3D, on en trouve a peu prêt autant que des mécaniciens plasma-soudeurs spécialisés en turbine de propulsion pour giro-navette antigravitationnelle.
Reste le Net…. Ô Grand Net, sauveur de toutes les situations désespérées.
Je me mets donc à balancer des appels au secours, sous forme de messages dans divers forums.
Le problème, c’est que si les versions du Jules et de son cabinet à géométrie variable sont extensibles à l’infini, la deadline de diffusion TV, ainsi que le budget, eux ne le sont pas.
Et me voici donc jonglant, des journées entières, avec des inconnus de tous les coins du monde :
– « je veux bien, mais je ne suis pas libre avant six mois »
– « okay, no problèmo man ! c’est 2500€ la journée » (mdr)
– « oui, je suis partant à 100%, mais je ne sais pas animer »
– « okydoky, je suis ton homme, mais seulement (au choix selon les gens) au black/en intermittent, en étant payé d’avance, etc…
– « Unë jam krejtësisht duke filluar, por unë nuk flas anglisht ose frëngjisht »
– « heuuu, salut, non non, je te contacte juste pour te dire que j’ai vu ton annonce : tu es mort, c’est infaisable. »
……….okayyyyyyyy…….. (à prononcer à la sauce Clavier dans « Les visiteurs »)
Puis, au bout de quelques jours très chauds, un email d’un certain Vincent.
Un Vincent qui me dit : «salut, ça a l’air sympa ton truc, j’aime bien les défis et ceux qui les affrontent. Tu payes quand tu veux quand tu peux sous la forme que tu veux et le montant que tu peux. Moi je propose qu’on reste à deux, et tu va voir, on va se le torcher ce projet !».
…incroyable.
Et nous voilà partis.
Lui en Bretagne et moi en Corse.
Il aurait fallu être 4 ou 5.
Mais nous étions deux.
Et on tenait les délais.
Le producteur était ravi (normal, il en avait vraiment pour son argent)
Le réalisateur aussi.
Quant à nous, on bossait 16 h/j , 7/7j, mais on s’éclatait.
Skype était notre ami, et allumé toute la journée, je me retrouvais à bosser en équipe. Une très petite équipe, mais vraiment bien.
Voilà.
Morale de l’histoire : tout s’est bien terminé, tout le monde à été content.
Et, last but not least, je me suis fait un pote. Un vrai.
À tel point qu’il est venu avec sa copine passer une partie de l’été suivant chez nous, en Corse (ça change de la Bretagne non 😉 ).
Quelques petites choses à regarder ?
Un petit trailer…Évidemment, au moment ou j’ai fais ce petit montage, les Back Eyed Peas n’avaient pas encore fait le carton que l’on sait avec ce morceau.
Si j’étais courageux je changerais ça, mais bon… vous pouvez baisser le son non ? 😉
Quelques épisodes. En entier, tels qu’ils ont été diffusés, avec la partie « live » quoi.
[cincopa AYKAvcssn6IV]
Juste parce qu’il ne faut jamais se prendre au sérieux, je ne résiste pas à l’envie de mettre cette capture de Skype, qui, pour une raison inconnue trainait au fin fond d’un de mes disques dur. Il s’agit de ma face, disons… certainement après deux mois et demi de boulot.
On ne comprend même pas ce que je fais… je bosse ? je suis perdu dans mes pensées ? je tente de prendre une mesure à l’écran avec mon pouce ?
Non, moi je dirais plutôt que mon cerveau était passé en mode veille, tout simplement 🙂
[cincopa AEBAaeM4naOm]
Anecdote : je parie que vous n’avez pas reconnu la voix du personnage de Jules… hé hé hé… Hé bien celui qui double ce petit bonhomme grassouillet n’est autre que Daniel Beretta ! Hien ? quoi ? qui est donc ce Daniel Beretta ? Allons !!!! c’est le doubleur officiel d’Arnold Schwarzenegger ! Ça y’est , c’est bon, ça vous parle là ? 😉
Jules Le Doc – ©Mareterraniu Production /Studio Savelli
Réalisation Frédéric Farrucci
Commanditaire : URML de Corse