Les Fables Géométriques

Une fois de plus, concernant ce projet, je pourrais bien me contenter de dire qu’il s’agit des « Fables Géométriques », de Fantome Animation, série de 50 fois 2 minutes et des brouettes, signée Georges Lacroix, Renato et Jean-Yves Grall.
Mais, pas de chance pour vous, j’ai bien envie d’en raconter plus 🙂

Ceci dit, si vous êtes arrivé ici grâce à Google, et que vous y cherchiez des informations pertinentes, je ne saurais que trop vous conseiller ces quelques  liens :

En ce qui me concerne, ce sont plutôt les conditions qui m’ont amené à participer à cette série qui motive ce modeste article.

Comme je l’avais déjà évoqué dans un autre post (concernant la venue de France 3), mon entrée à Fantôme s’est faite de façon plutôt amusante.

A cette époque, le logiciel 3D qui régnait en maitre, c’était Explore (de Thomson Digital Image). Avec mes compétences et mon rutilant diplôme d’analyste programmeur, j’avais eu l’occasion de rejoindre la team des bêtatesteurs.
Je bidouillais sur Explore, Fantome utilisait Explore, la connexion ne tenait donc pas du miracle.
En revanche, comme je l’ai déjà dis autre part, je commençais à être lassé de l’informatique « pure et dure ».

Le terrible kiff d’utiliser son cerveau pour tenter de faire comprendre à une machine, bien plus bête que soi, comment mener à bien une tâche donnée, et bien mieux que soi… le concept m’avait fait triper, dès ma première rencontre avec un clavier.

Mais atteins un certain niveau, certain s’accrochent à ce petit miracle technologique, et d’autres, comme moi, ne se satisfont plus de la simple mise en place du programme… patauger dans les bits n’était plus suffisant, et en tant qu’ex-musicien, j’avais envie que ces fameuses machines me surprennent un peu… produisent… de l’art ?.
J’aurais pu acheter un Atari et faire de la musique, mais comme je n’étais finalement pas très bon musicien, l’image me parut être une meilleure option.

Bref, je m’égare…

Donc Fantome, qui était à la recherche d’un collaborateur, tombe sur moi par l’intermédiaire de TDI  et m’embauche sans plus de chichi.
Mais… comme responsable système 🙁

C’était mieux que rien, Fantôme, c’était la Mecque de la 3D, et un simple emploi comme technicien de surface m’aurait convenu.

Quelques mois se sont passés, entre gestion des stations de travail, réseau, surveillance des calculs et pilotage à distance pour conserver quelques week-ends chez moi (avec un MINITEL !!! et un peu de bricolage).

Ici, si vous tenez le coup 2 minutes (ce qui est loin d’être évident), vous pouvez entendre un petit montage de ce que je trouvais sur mon répondeur, disons… en un mois.
Bon, j’espère que ceux qui pourraient se reconnaitre sur ce petit extrait ne m’en voudront pas 😉
 

Petit à petit, et assez rapidement même, les trois compères à la tête de Fantome se sont aperçus que je faisais mon boulot, mais que j’en étais… frustré.

Des images, des images, de l’anim, des images des couleurs du son du fun, c’est ça que je voulais.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à l’époque, une station de travail Silicon-Graphics et son logiciel coutaient la peau d’un bras. Ou un cul, si vous préférez.
Les quelques Élus qui avaient le droit de s’en approcher (au nombre de trois à cette époque), avaient durement gagné leurs galons, et je les voyais un peu comme les Dieux de l’Olympe.

Certes, je pouvais de temps à autre, tenter la modélisation d’une boule, mais il fallait le faire tard le soir, et ne pas perturber le bon déroulement des calculs.

La production des « Fables Géométriques » avait commencé depuis un petit moment avant mon arrivée, mais nous n’en étions encore qu’au début.

Et c’est là que l’idée a germé…
Une Silicon-Graphics est un engin bien trop couteux pour la confier à un type, qui même vendu comme esclave, ne rapporterait pas le dixième de sa valeur.
J’avais bien mon Amiga 1000 de Comodore, que j’avais amenée sur place pour assurer certaines tâches de maintenance, mais imaginer qu’Explore concocte une version Amiga de son soft était tout simplement inconcevable.

Cependant… ce pauvre petit Amiga « minable », était quand même en mesure de faire de la 3D. Au tout début, pour faire un parasol il fallait entrer des centaines de lignes de code numérique (x=25,y=536,z=65, et hop, un point… encore deux et j’ai une facette, hé hé hé). Au bout d’une bonne semaine, on pouvait imaginer avoir le parasol, lancer un calcul en ray-tracing de 48 heures, et obtenir… une image totalement noire pour une simple inversion de mire caméra.
Puis, un peu plus tard, était apparu Sculpt3D, qui était encore bien faiblard, mais qui bénéficiait au moins d’une interface graphique pour la modélisation.
Et j’en arrive à mon idée :
– une machine pas chère, qui m’appartient, et qui est capable de modéliser les personnages des Fables (géométriques donc..)
– et un développeur (moi), certainement capable de concevoir une « moulinette » pour cracher un fichier compatible avec le couple Silicon/Explore.

Et c’est donc ce que j’ai fait.

C’était tout bénef pour tout le monde, je pouvais fournir aux animateurs des personnages, sans leur piquer leur place, et à un coût dérisoire.

Ce fut mes débuts d’animateur 3D.
Parce que bien sûr, on ne m’a pas laissé bien longtemps sur ma « calculette de poche ». J’ai eu enfin accès aux sacro-saintes Stations, et j’ai fini par faire vraiment partie de l’équipe.

Je ne suis pas resté jusqu’à la fin de la série, (qui a été suivie par quelques autres épisodes, puis « Insektor »), mais j’y ai fait mes armes. Et j’étais bien entouré, il faut le dire.

Voilà. Bien sûr, je pourrais en raconter des pages et des pages… sur mon pote Xavier, qui montait sur les bureaux pour se voir dans le reflet du nodal, en train de mimer une poule pour mieux l’animer. Il est même arrivé un jour qu’il se fasse surprendre dans cette posture ridicule par le boss, accompagnés de très sérieux investisseurs, crane chauve et attaché-case, venus prendre d’éventuelles billes dans la société.
Souvenir inoubliable.
Comme beaucoup d’autres, mais ça intéresse qui ?
Vous ?
Et bien commentez et dites-le-moi, et je développerai.

Mais il y a tellement d’autres trucs à raconter, dans d’autres sociétés, que je suis bien obligé de tailler un peu dans la masse.

Ça vous a plus ?
Non ?…
Bon…

Que cela ne vous empêche pas de jeter un œil sur un épisode… Ou sur « l’Orchestre Fou », chanté par Pierre Perret (qui, au passage, à fait la voix off de tous les épisodes, et qui est un type vraiment… charmant et détendu du slip)

©Fantôme Animation, Canal+, INA, FR3, RTBF, Club d’Investissement Media

 

Le problème, avec les blogs, c’est qu’on en a jamais terminé avec un sujet. Quand ça n’est pas des fautes à corriger, ce sont des informations à compléter, des images à ajouter, des tournures de phrase à reprendre (vous avez remarqué la « lourdeur » de mes textes ?… ça va s’arranger, ça fait longtemps que je n’écris plus rien 😉 ).

Bref, on n’en a jamais fini.
Et ce matin une chose me pilonnait le cervelet : J’ai vaguement fait allusion à Georges Lacroix (dont le nom pourrait semblé très approprié quand vous travaillez au quotidien avec lui, mais avec un peu de recul vous changez vite d’avis).
J’ai donc dit quelques mots à son sujet, et si on manque un peu de sens de l’humour, on pourrait penser que je le ridiculise un chouille dans « l’extrait de mon répondeur » plus haut.
En fait, Georges Lacroix à été un de mes mentors. Et pas des moindres.
Sans en rajouter des caisses, je dirais que c’était (et c’est surement toujours) un type extra. Humainement et professionnellement.
Si vous lisez l’article de 720Lignes, plus haut lui aussi, vous pourrez voir à quel point c’était un visionnaire. Et un passionné. Pas un de ceux qui font de l’animation comme ils feraient des haricots en boite.
Voilà, je voulais quand même terminer le chapitre « Fantome » sur cette petite précision, qui n’engage que moi, mais après tout, ici, tout n’engage que moi (et je risque d’être bien moins tendre dans d’autres articles… jusqu’au procès en diffamation ?… faut voir…)
Toute dernière chose, vraiment, la dernière, vous savez ce qu’a fait Sir Lacroix quand j’ai déboulé dans son bureau pour lui annoncer que je les quittais pour vivre d’autres aventures ?
Oui, vous vous en doutez, il a tenté de me retenir… forcément, on ne laisse pas partir quelqu’un comme moi sans rien tenter, hé hé hé, mais ça n’est pas de ça qu’il s’agit. Il m’a simplement refilé l’équivalent de deux mois de salaire… encore aujourd’hui je me demande pourquoi. On ne donne pas d’indemnités à quelqu’un qui démissionne que je sache. En fait il n’y a qu’une seule explication : comme je le disais, c’est un type extra.

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